Dissertation type – Bac français 1ère – Plan détaillé
L’acquisition de la méthodologie de la dissertation type bac passe nécessairement par une mise en situation régulière. Le futur candidat au bac français 1ère pourra vérifier sa technique et consolider ses connaissances à partir de ce plan détaillé. Il s’agit ici d’un exemple possible de plan qui n’en exclut pas d’autres. Le sujet a été proposé dans une classe de première au début du deuxième trimestre. A l’approche du bac en avril – mai, les sujets tendent à se spécialiser en accord avec les objets d’étude du programme officiel.
Sujet : « Selon vous, la seule et unique fonction de la littérature est-elle de faire rêver ? »
Introduction
Les termes du sujet nous invitent à réfléchir sur les fonctions possibles de la littérature: » Selon vous, la seule fonction de la littérature est-elle de faire rêver ? ». Cette question laisse entrevoir le texte littéraire comme un objet de plaisir par le pouvoir d’évasion qu’il met en oeuvre. Comment ne pas songer à certains poèmes au titre éloquent de Verlaine (« Mon rêve familier ») ou de Baudelaire (« Rêve parisien »), ou encore à certains romans d’évasion mettant en scène des personnages extraordinaires et énigmatiques ? Reste qu’on ne peut se restreindre à cette « seule » et unique fonction d’autant que bien des textes s’offrent à nous comme des lieux de savoir et de connaissance du réel. Des philosophes majeurs du siècle des Lumières ou même des poètes ou romanciers du XIXème siècle (réalistes ou naturalistes) ont mis leur plume au service de la dénonciation d’actes barbares allant de l’esclavagisme à la peine de mort, à titre d’exemple. Il s’agira donc de considérer les fonctions de la littérature en tenant compte de cette double approche juste avant d’explorer d’autres fonctions possibles. L’enjeu de la littérature ne serait-il pas d’instaurer également un dialogue avec le lecteur, lui offrant ainsi un rôle majeur, celui de recréer le texte à partir de sa propre interprétation ?
I- Le pouvoir d’évasion de la littérature
1) Accéder au rêve par la poésie
La poésie a un pouvoir d’évasion indéniable. Elle nous permet d’accéder à des mondes inconnus, détachés du réel. Dans les Contemplations, Victor Hugo désigne précisément le poète comme un « rêveur » : « C’est lui ! C’est le rêveur ! ». dans « Fonction du poète » (Les rayons et les ombres), V. Hugo affirme : « Peuples ! / Ecoutez le rêveur sacré ! / Dans votre nuit, sans lui complète, / Lui seul a le front éclairé ! ».
Dans cette même perspective, on peut citer:
- « Mon rêve parisien » de Baudelaire. Le poète crée un univers artificiel se faisant « architecte de ses féeries ». Son recueil Les fleurs du Mal réitèrent cette même quête de l’Inconnu : « Enfer ou ciel qu’importe / au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ». Citons également le poème « L’invitation au voyage » ou « La chambre double » dans Le Spleen de Paris. Le poète tente d’échapper au spleen par la poésie, source de création d’un monde idéal.
- la « Lettre dite du Voyant » (Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871) de Rimbaud : le poète accède à l’Inconnu par « un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Cette ambition est illustrée par le poème « Le bateau ivre ».
- Les poètes surréalistes explorent également les voies d’accès au rêve par l’écriture automatique. Pour André Breton, « les textes automatiques comme les poèmes sont des rêves racontés au présent ». Pour Paul Eluard, rêve et pouvoir d’imagination ne font q’un. Le poète est un « rêveur éveillé ». Dans le poème « Rêve » du recueil Les mains libres, le poète écrit :
» Petit jour / Je rentre / La tour Eiffel est penchée / Les ponts tordus / Tous les signaux crevés / Dans ma maison en ruine / Chez moi / Plus un livre / Je me déshabille ». - Le poète transfigure le réel par les mots et les images: Jacques Réda transforme une bicyclette en un oiseau prêt à s’envoler dans son poème « La bicyclette ». Ponge fait de la mie de pain la cordillère des Andes dans son poème en prose « Le pain ». Rimbaud associe une voyelle à une couleur dans « Voyelles ».
La poésie permet donc d’ouvrir des voies d’accès au rêve aussi bien au poète qu’au lecteur grâce à la création d’univers oniriques et / ou un travail sur le langage.
2) Le dépaysement dans les romans
Les personnages extraordinaires dans les romans de Jules Verne comme celui du capitaine Nemo dans Vingt mille lieues sous la mer nous font découvrir l’univers sous-marin, des lieux fascinants où l’imagination bat son plein. Citons :
- Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll qui permet au lecteur d’entrer dans un monde merveilleux.
- Dans le Seigneur des anneaux de Tolkien, l’évasion est totale. L’auteur est connu pour avoir inventé un univers peuplé de créatures extraordinaires, elfes ou dragons. Il va jusqu’à créer plusieurs langues pour ses personnages.
II- La littérature et le rapport au réel
Le lecteur fait ainsi l’expérience du dépaysement total. Au-delà de cette première approche surgissent d’autres fonctions possibles de la littérature. Parmi les poètes cités ou romanciers ou encore auteurs de nouvelles, certains explorent différentes d’autres voies en matière d’écriture. Si bien que la fonction de la littérature varie en fonction de la quête de l’auteur. Que l’on songe à Victor Hugo auteur du poème Melancholia (1856) dans lequel le travail des enfants est dénoncé, de Claude Gueux ou encore des Derniers jours d’un condamné. Le romancier est un homme engagé dénonçant en 1832 la peine de mort, définitivement abolie en 1981.
1) « La vérité rien que la vérité » (Zola)
Le rapport au réel qu’entretiennent les auteurs varient en fonction de leur préoccupations littéraires, idéologiques aussi. L’histoire qu’ils traversent et les ébranle, influence nécessairement leur écriture. Emile Zola par exemple, invoque dans le Roman expérimental (1880), la nécessité de relater « la vérité et rien que la vérité ». Honoré de Balzac dans la préface de la Comédie humaine écrit : « La société française allait être l’histoire, je n’en serais que le secrétaire ». La fonction du roman est alors de documenter avec précision le lecteur. Lorsque l’auteur est amené à argumenter, on parle davantage de roman à thèse. Les procédés convoqués sont le raisonnement déductif ou inductif ou encore le raisonnement par l’absurde.
La préoccupation historique est commune à bon nombre d’auteurs quels que soient l’époque et le courant littéraire considérés:
– La dimension historique est accentuée au détriment des personnages: Les Chouans, Quatre-vingt treize de V. Hugo, La Condition humaine d’André Malraux sur la répression du soulèvement communiste par Tchang Kai Chek en 1927.
Pour d’autres romanciers, le contexte historique bien que fondamental sert de toile de fond sur laquelle les personnages vont se détacher:
– Les Misérables (1862) de V. Hugo. L’ancien forçat Jean Valjean, Cosette l’enfant martyre des Thénardier ou Gavroche le gamin de Paris sur fond de monarchie de Juillet sont mémorables. Le chant qu’entame Gavroche sur les barricades résonne encore aujourd’hui : « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau ». Gavroche n’aura pas le temps de terminer. Il mourra. Le roman se présente à la fois comme historique, social et psychologique.
2) Portraits de personnages et identification
Lorsque l’auteur privilégie les personnages, le but visé est davantage de favoriser l’identification du lecteur. Stendhal dans une lettre qu’il adresse à sa sœur écrit : « Tu sais bien que dans les romans, l’aventure ne signifie rien. Elle émeut voilà tout, elle n’est bonne qu’à oublier. Ce qu’il faut au contraire se rappeler, ce sont les caractères »:
– dans Madame Bovary – « un roman sur rien » écrit Gustave Flaubert – le personnage éponyme d’Emma Bovary prévaut. On parle non seulement d’un caractère mais aussi d’un type, le bovarysme. Pour d’autres caractères devenus des types, citons : l’avarice d’Eugénie Grandet, l’ambition de rastignac, l’idéalisme de don Quichotte.
Parfois la psychologie des portraits est si détaillée que l’on parle de romans d’analyse:
– Dans La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette mène une étude des sentiments, de la passion naissante entre la princesse et le comte de Nemours.
III- Instaurer un dialogue avec le lecteur
Quelle que soit la perspective privilégiée, « faire rêver » ou documenter, argumenter ou dénoncer ou favoriser l’identification du lecteur, on se rend compte que le lien auteur – destinataire est fondamental. L’auteur établit avec son lecteur un pacte de lecture. Le lecteur joue un rôle fondamental. Dans cette optique, certaines œuvres conjuguent à la fois le « rêve », l’évasion ou encore le dépaysement et la dénonciation.
1) Décrypter le réel dans un univers fictif
- On peut citer Candide ou l’Optimisme, un conte philosophique de Voltaire qui vise à dénoncer le Mal sur terre sous les traits de l’esclavagisme ou de la guerre que le personnage éponyme est amené à découvrir. Candide, le personnage naïf par excellence parcourt le monde au gré de ses aventures en quête du bonheur. Voltaire en réalité s’en prend au philosophe Leibniz.
- Les Fables de la Fontaine mettent en scène des animaux personnifiés ou des personnages qui ne sont jamais que la caricature des travers des classes sociales dénoncés. Le récit fictif est censé délivrer une moralité. Le lecteur devra décrypter ce message. Reste que ce type de textes s’adresse davantage à un public d’initiés.
- L’île aux esclaves de Marivaux joue sur le dépaysement du lecteur tout en l’invitant à réfléchir sur les enjeux de la représentation. En faisant le choix de faire échouer Cléanthis et Iphicrate avec leur serviteur respectif Euphrosine et Arlequin sur l’île des esclaves que dirige Trivelin, Marivaux vise à dénoncer le lien de servitude entre maîtres et esclaves ou encore l’immense fossé qui sépare la noblesse de la roture.
2) La subtilité des procédés
- Les procédés ou figures de rhétorique développés : l’ironie, la mise en abyme, l’hyperbole, l’exagération, ….
- Les registres: le comique, le pathétique, le tragique, ..
Conclusion
Au terme de notre analyse, nous pouvons nous rendre compte que l’une des fonctions de la littérature est effectivement de « faire rêver » aussi bien en poésie que dans les romans d’évasion. Reste que ce n’est pas la seule et unique fonction. Les romans historiques, les poèmes engagés à l’époque de Victor Hugo mais aussi à l’époque de la Résistance (ceux de René Char), les romans psychologiques révèlent d’autres fonctions qui dépendent d’un rapport au réel différent : fuir la réalité ou au contraire dans ce cas précis, être au plus proche de la réalité. Dans les deux cas, le lecteur occupe une place de choix. Les fonctions de la littérature peuvent être multiples au fil des œuvres et des siècles considérés mais aussi dans une seule et même oeuvre. Le pacte de lecture que l’auteur établit avec son lecteur est de prime importance. Le public concerné est aussi varié que les objectifs qui sous-tendent le texte littéraire. Seul le lecteur initié peut accéder véritablement aux messages que l’auteur entend délivrer. La richesse du texte est telle qu’une seule lecture ne permet pas d’en saisir toute la portée.
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